Il s’agit d’un mouvement populaire et planétaire. Partout dans le monde les populations réclament l’accès à l’eau naturelle pour s’y baigner. Dans des rivières, des lacs, des fleuves, des ports, et sur les côtes océanes, les autorités font preuve d’imagination pour réaliser des aménagements dans des eaux sûres, saines et baignables accessibles à tous.
Malheureusement, à Marseille qui a l’immense chance d’être une ville méditerranéenne côtière, l’accès de tous au littoral est souvent problématique ! La moitié Nord de la ville a perdu son accès à la mer quand le Port a fermé les accès à la grande Jetée ou Digue du Large sur 7 kilomètres ! Un acte liberticide sous couvert de « sécurité » alors que depuis plus d’un siècle la population bénéficiait normalement de cet accès simple et gratuit à son littoral.
A Marseille, la population s’est toujours baignée à la sortie du Vieux Port, aux Pierres Plates sous le Fort Saint Jean. Un malheureux embrouillamini empêche la ville de créer un point de baignade dans les bassins du Mucem pour permettre la location de places de bateaux.
A Marseille, les plages sur-fréquentées de la ville, sont par exemple au Prado l’objet de convoitises et d’occupations privatives de toutes sortes, à commencer par le Delta festival, près d’un mois en pleine saison estivale !
Souhaitons que ce mouvement pour le droit de nager librement emporte les diverses obstacles pour l’accès à la mer comme un puissant courant.
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CHARTE OFFICIELLE DES VILLES BAIGNABLES [12 juillet 2024]
Le mouvement de la baignade urbaine prend de l’ampleur. Cette charte énonce 10 principes communs pour responsabiliser les décideurs, les défenseurs des droits et les responsables communautaires dans leur travail sur les cours d’eau naturels locaux.

Objectif d’une Charte internationale des Villes Baignades :
– FAIRE LA PAIX AVEC LA NATURE :
La Charte favorisera l’harmonie, l’unité et la collaboration au sein d’une communauté mondiale de villes et de villages dédiés à la santé humaine et à la baignabilité des cours d’eau urbains.
– PROMOUVOIR LE DROIT À LA VIE :
La Charte reconnaîtra l’interdépendance des droits de la nature et des droits humains, la baignabilité étant un puissant catalyseur pour la régénération des systèmes sociaux, culturels, écologiques et économiques des communautés urbaines.
– AUTONOMISER LES CITOYENS DANS LA PRATIQUE :
La Charte responsabilisera les acteurs du mouvement croissant de la baignade urbaine, servant de référence pratique pour la prise de décision en matière de planification, de conception, de construction et d’exploitation.
– NAGER POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE :
La Charte positionnera le mouvement de la natation urbaine (et sa culture, ses activités et ses infrastructures associées) en harmonie avec d’autres stratégies mondiales, telles que les Objectifs de développement durable des Nations Unies, l’Accord de Paris et le Plan Biodiversité.
– INVESTIR DANS UN AVENIR MEILLEUR POUR TOUS :
La Charte fournira un outil et une incitation pour favoriser l’engagement général et catalyser l’investissement durable dans la restauration des écosystèmes urbains, notamment par une coopération publique et privée qui partage équitablement les bénéfices et prévient la privatisation de la nature.
– CONNECTER LE SUD, LE NORD, L’EST ET L’OUEST
La Charte est publiée en sachant que le mouvement de la natation urbaine est actuellement dominé par des visions du monde du Nord et eurocentriques. Cependant, ses signataires espèrent susciter de nouveaux débats et des actions significatives favorisant une plus grande diversité et une plus grande représentation.
Reconnaissance de la nature
Nous reconnaissons la Terre Mère et ses cours d’eau qui sont essentiels aux villes et aux communautés du monde entier. Nous rendons hommage à ses gardiens et à ses protecteurs, en particulier aux aînés autochtones, et à leur sagesse qui nous rappelle l’interdépendance du bien-être de la planète et du nôtre. Nous nous consacrons à la restauration et à la régénération des cours d’eau urbains grâce au pouvoir de la natation !
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Charte des villes propices à la baignade :
[VALEURS FONDAMENTALES]
1. LE DROIT DE BAIGNER :
Des cours d’eau sûrs, sains et propices à la baignade devraient être accessibles à tous.
2. UNE SANTÉ, PLUSIEURS BAIGNEURS :
Les cours d’eau urbains propices à la baignade sont essentiels à la qualité de vie des villes et des communautés, en tant que lieux publics partagés qui favorisent la santé des personnes (physique, mentale et spirituelle) et celle de la Terre Mère.
3. CULTURE DE LA BAIGNADE URBAINE :
La culture de la baignade urbaine est une expression unique de la vie en ville et dans les communautés, reflétant l’interaction particulière entre sports, loisirs et tourisme dans chaque lieu, ainsi que le patrimoine naturel et culturel.
4. L’EAU EST SACRÉE :
La baignade urbaine devrait célébrer les cours d’eau naturels comme des entités vivantes et intégrées qui nourrissent les communautés, favorisant l’accessibilité universelle et la coexistence pacifique, incluant la diversité religieuse, culturelle et de genre.
[CONDITIONS FAVORABLES]
5. RÉÉCRIRE LES RÈGLES :
La baignade en milieu urbain devrait s’inscrire dans un nouveau statu quo en matière d’accès public, remettant en question les conventions telles que les usages industriels et la pollution des eaux pluviales. Les autorités gouvernementales devraient rapidement modifier les cadres juridiques et réglementaires pour permettre aux citoyens d’accéder à ses avantages.
6. PARTICIPATION DÉMOCRATIQUE AUX LIEUX DE BAIGNADE :
Les lieux et expériences de baignade en milieu urbain devraient être planifiés, conçus, aménagés et exploités selon des approches inclusives et intégrées de gestion de l’eau ; les gestionnaires devraient garantir un accès universel grâce à des programmes communautaires d’apprentissage de la baignade en milieu naturel et à une sensibilisation à l’écologie.
7. RECONNECTION ET RÉSILIENCE :
Les lieux et expériences de baignade en milieu urbain devraient être investis comme un moyen innovant de permettre aux communautés résilientes de s’adapter et de prospérer dans un contexte mondial en constante évolution, tant au niveau du climat, de l’environnement que de l’économie.
[PARTAGE DES AVANTAGES]
8. NOUVELLES OPPORTUNITÉS ÉCONOMIQUES
Les modèles de développement de la baignade urbaine doivent concilier valeurs sociales, culturelles, écologiques et économiques,
créant ainsi de nouveaux emplois, carrières et moyens de subsistance dans des professions et industries régénératrices.
9. PARTAGE DES BIEN-ÊTRE, DE LA CULTURE ET DES SAVOIRS :
La baignade urbaine doit être bénéfique pour le bien-être des citoyens, des écosystèmes et des économies locales, renforcé par le partage respectueux des savoirs autochtones, traditionnels et occidentaux liés à la culture de l’eau.
[PROCHAINE GÉNÉRATION]
10. GESTION POUR AUJOURD’HUI, DEMAIN ET LES GÉNÉRATIONS FUTURES :
Les nageurs urbains sont les gardiens de la santé de leurs cours d’eau locaux, en collaboration avec les plus proches protecteurs de la Terre mère, tels que les peuples autochtones, les gardes forestiers et les gardiens de l’eau, ainsi qu’avec les urbanistes, les architectes, les acteurs du changement social, les éducateurs et les décideurs politiques.
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Définitions :
« Baignade urbaine »
La baignade urbaine englobe un éventail d’activités récréatives et aquatiques pratiquées dans les cours d’eau urbains naturels, allant des éclaboussures, des brasses et des plongeons à l’immersion prolongée, ainsi que la nage avec un objectif précis.
« Villes propices à la baignade »
Les villes propices à la baignade sont des environnements bâtis dotés de cours d’eau urbains qui ont atteint et maintiennent les normes de baignade (telles que celles décrites dans la réglementation européenne), soutenues par des politiques, des infrastructures, des équipements, des services et des pratiques culturelles complémentaires.

« Cours d’eau urbains »
Les cours d’eau urbains sont des cours d’eau naturels (d’eau douce ou salée) qui traversent une zone urbaine ou reçoivent les eaux pluviales d’un bassin versant urbanisé. Ils jouent un rôle essentiel dans la qualité de vie en milieu urbain en préservant la flore et la faune, en favorisant les liens sociaux et culturels et en soutenant le développement économique par le tourisme et l’agriculture. (Adapté du CRC pour les villes sensibles à l’eau) Il peut s’agir de rivières, de ports, de ruisseaux, de lacs, d’étangs, de plages, de zones humides, etc.

Remarque :
Pourquoi « Terre Mère » ?
Tout comme le Plan d’action pour la biodiversité (des Nations Unies) reconnaît les droits de la nature et utilise des expressions telles que « Terre Mère » selon les traditions des peuples autochtones, nous aussi !