RATIOS VILLE DE MARSEILLE / POPULATION / PLAGES : LES CHIFFRES QUI AFFOLENT
Lors des très intéressantes rencontres de la nage en eau libre organisées par l’association les Libres Nageurs, un tout autant intéressant chercheur en géographie et son directeur de thèse ont fait part de leurs travaux sur l’évolution des politiques publiques de gestion des espaces côtiers.
Pour simplifier à l’extrême, dans les années 50, la population se met à pratiquer les bains de mer. Puis les différents pouvoirs s’emparent de pans entiers du littoral. Enfin, on a assisté à des aménagements, à la création de plages comme celles du Prado ou de Barcelone. Quid des politiques actuelles et futures ?
Pour illustrer leurs propos, un tableau comparatif a été présenté, voir en image. En lisant ce tableau sous l’angle de la situation que vivent les pratiquants des plages à Marseille, Maurice NEGRI, Nageur du Prado, s’est ému d’une présentation faisant état d’une situation balnéaire très enviable à Marseille comparée à celles de Barcelone et Valence, alors que de toute évidence, Marseille est pauvre en plages. De plus, à contre-courant de l’histoire un Arrêté municipal interdit toute pratique nautique et nage face à Prado Nord, Petit Roucas et même face à Prado Sud ! Cet arrêté délimite un chenal de transit (sic) hors normes d’une surface égale à 20 stades Vélodrome, actuellement transformé en zone d’évolution pour wingfoils !****
Voici ce qu’écrit Maurice :
« En réaction au « tableau comparatif » diffusé lors des Rencontres, j’ai réalisé un recensement des plages sur le territoire de la Ville de Marseille (joint ici en fichier). Le tableau est décomposé en zones/quartiers avec repérage des plages où sont renseignées, la longueur en mètres linéaires, la surface en hectares, et pour ces deux postes le pourcentage par rapport aux valeurs totales.
Disparités importantes entre les divers zones/quartiers… Un nombre incroyable de petites plages dispersées de-ci de-là face à une énorme concentration dans la zone sud, il devient évident en regardant ces chiffres que LES PLAGES DU PRADO NE SONT PAS UN SANCTUAIRE RESERVE MAIS QU’ELLES SONT UN LIEU FREQUENTE PAR TOUS LES MARSEILLAIS*… Cette asymétrie, de toute évidence, provient d’un relief rocheux tourmenté, et de la présence d’une multitude de ports et bases nautiques… On ne peut pas comparer la longueur totale du linéaire côtier marseillais avec des surfaces de plages, la comparaison doit se faire linéaire pour linéaire…
Une proposition : pour pallier la faible quantité de plages dans les Quartiers Nord (Les 2, 3, 13, 14, 15 et 16èmes arrondissements de Marseille comptent env 325.000 habitants !) on pourrait rendre accessible au public la plage de la Forme 10 du Port de Commerce… »
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A ces pertinentes observations, on pourrait ajouter :
– Que les leitmotiv ou éléments de langage d’élus et responsables utilisent certaines de ces informations distillées ça et là, vraies, mais souvent pas gentilles pour ceux qui défendent les plages publiques, par ex. : « Il y a 57 km de littoral à Marseille » « les gens s’accrochent à leur bout de rocher » (sous-entendu, allez ailleurs !) « les gens du Prado doivent partager » (depuis quand l’appropriation d’espaces publics est un partage ?) »Ils diffusent de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux… ce sont des spécialistes de fake news » (lesquelles ? on aimerait bien savoir) « de l’espace côtier a été libéré »(oui, un bout de sable à l’Escale Borely et une promesse pour un des 2 bassins du Mucem***) et même « à Marseille, nous avons plus de plages qu’à Barcelone** » pèsent peu face à la réalité des chiffres.
– Qu’il est plus qu’urgent de permettre l’accès à la mer aux populations des Quartiers Nord, en particulier en leur rendant l’accès aux 7 km de la Grande Jetée ou Digue du Large, accès auquel la population marseillaise a normalement eu droit pendant plus d’un siècle.
– Pour ce qui est de la belle PLAGE DE LA FORME 10, avec un magnifique sable naturel, aujourd’hui inoccupée, une navette au parcours de 700 m depuis le débarcadère de l’Estaque pourrait chaque jour de saison estivale faire le bonheur de centaines ou milliers de marseillais.
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* En particulier les Personnes à Mobilité Réduite ou PMR, les familles avec enfants en bas âge, les personnes âgées qui ont besoin d’un appui pour entrer et sortir de l’eau, dont le seul accès à la mer est sur les plages du Prado.
** Ainsi, Marseille dispose de 21 plages contre 10 à Barcelone qui compte le double de population ! Calculs faits, en cherchant tous les morceaux de plage, Marseille dispose de 3,4 km de linéaires mis bout à bout en comptant les courbes, le Frioul, les Calanques… contre plus de 6 km pour Barcelone ville plus 23 km de plages dans la même continuité jusqu’à Mataró en passant par Badalona qui sont de la même Província + encore 17 km du côté de l’aéroport et ses riches quartiers de Castelldefels et El Prat. A Barcelone, quand on va à la plage, on peut étendre sa serviette, ses glacières, poser des chaises longues, planter des parasols, observer une belle distance de sécurité avec ses voisins, et jouer au foot sur l’arrière plage. Absolument rien à voir avec l’extrême promiscuité observée sur les plages marseillaises.
Quand à Valence, qui n’aurait que 8 plages pour une population sensiblement égale à celle de Marseille, il y a au Nord du Port de commerce 4 km de plages sans discontinuer, et au Sud de celui-ci, il y 27 km des très belles plages à la fois sauvages et aménagées d’El Saler devant l’Albufera jusqu’au Faro de Cullera. Là aussi, la population et les touristes ont accès à la mer sur des kilomètres, absolument rien à voir avec Marseille !
*** Pour ce qui est du Mucem, après des aventures mégalo, la promesse en est restée à ce stade. La faute à la Métropole ? à la Mairie ? au GPMM ?
**** ndlr le 08/08/2025 Après bataille, un arrêté municipal a supprimé ce chenal, et l’espace a été rendu public